Le contexte
Au printemps 2020, le premier confinement déclenché en France à la suite de l’épidémie de CoViD-19 a durement touché l’organisation que je dirigeais. En effet, il était devenu presque impossible d’assurer la partie de réalisation des missions de service que nous effectuions pour nos clients sur leurs projet. Seules les études pouvaient continuer.
L’activité partielle, le chômage technique pour le dire franchement, était notre meilleur espoir pour passer ce moment de catastrophe, mais il nous était impossible de nous résigner à simplement fermer la boutique! Nous le fîmes cependant, pour un temps, et nous mîmes tous les employés en congés durant une semaine, le temps de décider quoi faire.
Depuis nos confinements respectifs, avec les managers, nous avons donc entrepris de trouver l’option la moins nocive pour la société d’une part, mais aussi pour nos employés et nos clients de traverser cette crise. Le travail existait bien, sur les phases de conception des dossiers, mais comment s’assurer qu’il apportait quelque valeur que ce soit à nos clients?
Nous avons décidé au final d’instaurer une activité partielle sur tous nos sites, liée pour chaque unité à son chiffre d’affaire hebdomadaire. Nous voulions permettre à ceux qui allaient pouvoir travailler de le faire, et nous assurer que ceux qui n’avait plus de nouvelles de leurs clients rentrent chez eux… Façon de parler puisqu’ils y étaient déjà.
Cette semaine de mars 2020, particulière pour tout le monde en France, l’a été également pour moi car elle a été l’occasion de construire ce système dans sa dimension opérationnelle, sociale, commerciale également puisqu’il s’agissait de rester actif là où nos concurrents, peut-être, auraient tiré le rideau, et aussi de construire de pied en cap un processus basé sur des données locales pour aider mes managers à naviguer cette période.
Le système qui a vu le jour permettait donc à chaque implantation de savoir combien de jours d’activité partielle lui seraient nécessaires, en fonction de son chiffre d’affaire passé, de sa prévision pour la semaine, et bien entendu des personnels de l’unité. Les indicateurs utilisés étaient très simples puisqu’il étaient basés sur la productivité attendue de chacune de la centaine d’unités du territoire, dans chacun de ses métiers, mais la complexité pour nous était bel et bien d’accéder de façon beaucoup plus rapide et précise aux données de chiffre d’affaire de chaque unité dans chacun de ses métiers, et à la présence effective de chacun de ses employés. Le système fonctionna, le printemps fut occupé d’autres aventures encore, et le confinement se leva.
Je tire de cette période un mélange puissant de fierté pour mes équipes et d’humilité face à la vulnérabilité de ces organisations que nous passons tant de temps à créer, à ajuster, à optimiser… J’ai pu également vivre pour moi-même qu’il était parfaitement possible, même handicapés, même traumatisés par ce qui arrivait à tout le pays, à tant de pays, de réorganiser le travail de centaines de personnes, de baser cette organisation sur une utilisation rationnelle et transparente des données, et de faire tout cela en… une semaine!